Au Palais Galliera, tout a changé, et rien n'a changé : 4 longues années de travaux de fond en combles ont permis la réouverture de ce bâtiment de style renaissance, construit pour abriter la collection d'œuvres d'art de la Duchesse Galliera à la fin du XIXème siècle.
Le musée est maintenant tout à fait aux normes pour accueillir ses visiteurs en toute sécurité et dans le plus grand confort. Cependant, pas question d'en dénaturer le style d'une décoration trop moderne. Bien au contraire : les murs ont retrouvé leur rouge sombre d'origine, et les boiseries, leur noir historique. Les détails d'époque son respectés et mis en valeur.
L'innovation est ailleurs : pour la première fois en plus de 30 ans de carrière, une rétrospective d'envergure met en lumière le travail d'Azzedine Alaïa.
Cette exposition rend justice au couturier qui, sous couvert de discrétion et de modestie, déploie une technique impressionnante dans la réalisation de ses collections. On y apprend notamment sa formation en sculpture aux Beaux-Arts, ce qui à posteriori, ne surprend pas.
Au fil de ses créations, sa femme rêvée devient une œuvre d'art. Avec beaucoup de subtilité, il créé des tenues dont le sexy se découvre sous le classique, et inversement. Sa maîtrise de la technique et du montage lui permet tout, et il ose tout avec un talent incroyable : le mélange des matières apparemment opposées (python + dentelle, métal + jersey ou croco + taffetas), les innovations (la fibre anti-stress ou le cuir coupé au laser), les acrobaties techniques (immenses fermetures éclair cousues dans le biais), les accumulations (body léopard, jupe galuchat à franges de ficelle, saharienne ajourée), le détournement des matériaux (robes de chaines perlées), la chemise blanche sous une robe-veste, les jeux de laçages insensés.
Je suis tombée raide dingue d'une sublime robe de cuir souple gold fermée de sangles, à la fois sexy, chic et très classe, avec quelque chose d'un sac de luxe. Comme enfiler un sac Kelly et s'y sentir belle et confortable. Malheureusement, aucune chance de repartir avec ;-) Telles ses clientes emblématiques (Grace Jones, Tina Turner, ...), la femme Alaïa est une guerrière sexy mais jamais vulgaire. Sans aucun bijou, elle sait mettre en avant ses atouts. En noir & blanc, vêtue de couleurs éteintes, on ne voit qu'elle.
Cependant, derrière le luxe des coupes et de la couture, Alaïa fait preuve d'un grand pragmatisme qui permet à celle qui porte ses créations d' "être tenue tout en demeurant libre" (Michel Tournier). Son admiration pour Madame Grès, Cristobal Balenciaga et Madeleine Vionnet se lit dans son savoir-faire comme dans sa modernité.
Si Azzedine Alaïa estime que "les femmes définissent la mode" et lui "fait des vêtements", il porte en lui l'histoire de la couture et la réinvente sans cesse.
N'oubliez pas de profiter de votre billet pour la visite complémentaire au Musée d'Art Moderne, juste en face : 7 pièces sont exposées dans la salle Matisse dont 3 robes créées spécialement pour elle, une veste-queue de crocodile incroyable, et des robes de rafia tressé aux proportions démesurées.
Le Palais Galliera
Musée de la mode de la ville de Paris
10 avenue Pierre 1er de Serbie, Paris 16ème
est ouvert uniquement en présentation d'expositions temporaires,
du mardi au samedi de 10h à 18h, et le jeudi jusqu'à 21h.
Un superbe site web ultra moderne à la navigation très fluide accompagne cette réouverture: palaisgalliera.paris.fr. Cliquez pour le visiter, en savoir plus sur l'exposition Alaïa, choisir vos activités, tout connaitre sur les collections du musée (infos et photos par thème et par époque), accéder au portail des collections patrimoniales, et à la billetterie en ligne de Paris Musées.
Documentation complémentaire :
est ouvert uniquement en présentation d'expositions temporaires,
du mardi au samedi de 10h à 18h, et le jeudi jusqu'à 21h.
Un superbe site web ultra moderne à la navigation très fluide accompagne cette réouverture: palaisgalliera.paris.fr. Cliquez pour le visiter, en savoir plus sur l'exposition Alaïa, choisir vos activités, tout connaitre sur les collections du musée (infos et photos par thème et par époque), accéder au portail des collections patrimoniales, et à la billetterie en ligne de Paris Musées.
Documentation complémentaire :
- Le catalogue de l'exposition, "Alaïa" écrit par Olivier Saillard, directeur du musée.
- Azzedine Alaïa, le prince des lignes de Laurence Benaïm (essai, chez Grasset).
- Alaïa, de François Baudot, collection Mémoire de la Mode aux éditions Assouline.