Le
thème politique de la rétrospective Keith Haring au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris peut sembler inattendu. En fait, il rend justice à l’œuvre de
l’artiste, et lui rend tout son sens.
Un
tiers de la vie de Keith Haring a été dédié à ses croisades contre les abus
oppressant les hommes. Il met en garde et combat de ses moyens propres les
religions excessives, la politique intrusive, les technologies lobotomisantes,
les drogues, les maladies taboues, le capitalisme écrasant, le racisme
révoltant.
Il
souhaite plus que tout une liberté d’être et de penser pour l’humanité, et ses
messages très forts sont portés par une gaité certaine. L’espoir en effet ne le
quittera pas, même lorsque ses amis disparaissent et qu’il se sait condamné.
Les
peintures, sculptures et objets issus de la production artistique de Keith
Haring sont tout sauf enfantins et naïfs comme on peut le lire ici ou là.
L’art
de Keith Haring est avant tout un art pour tous. Il prend sa source dans le
métro au cœur du street art new-yorkais des années 80, où il sera visible du
plus grand nombre.
De
façon ambivalente, l’artiste n’hésite pas financer une campagne d’affichage
contre l’apartheid, à collaborer avec de grandes marques, et ouvre son célèbre
pop-shop au concept hautement avant-gardiste. Ses nombreux objets très
accessibles permettent à tous les publics de faire entrer l’art chez eux, en
brisant la barrière de prix des galeries, et les murs des musées.
Plus
de 200 peintures & sculptures sont visibles à Paris, dont une vingtaine de
grands formats au Centquatre.
Une vidéo
et un documentaire accompagnent l’accrochage. On y découvre, impressionné, que
sous l’apparente simplicité des dessins se cache un trait sûr, exécuté
extrêmement rapidement, sans faux-pas, sans erreur ni préparation. On y voit
Keith Haring, de son propre aveu, se laisser porter par l’œuvre en devenir. Le
documentaire est un complément idéal à la visite. Il explique notamment l’absence
de titre de nombre d’œuvres : Haring a inventé dans sa peinture un vocabulaire novateur,
compréhensible par tous, capable de faire passer un message et de recueillir
immédiatement la réaction du public.
Plus
de 20 ans après sa disparition, le travail de Keith Haring continue de nous
émouvoir, de nous parler, de nous pousser à changer les choses.
Son art est plus que jamais vivant, plus que jamais d’actualité.
Le
site officiel de la Fondation Keith Haring (cliquez) en est le support idéal, de la bio à la chronologie des œuvres, les archives, en passant par un génial espace enfants (coloriages, jeux, images, histoires...) dont je vous avais touché 2 mots ici.
La
boutique en ligne pop-shop.com en perpétue
la diffusion. Le pop-shop original de Tokyo est, lui, exposé au CentQuatre au titre d’œuvre à part entière.
Pour
compléter la visite, le catalogue édité par Paris Musées, très complet, est vendu à partir de 32.30€. Beaux-Arts propose un hors-série à 9€ avec notamment le making-off d’une œuvre, une analyse
des influences de Keith Haring, et de nombreux documents annexes.
Au Musée d’Art Moderne de Paris
Du
mardi au dimanche jusqu’au 18 août 2013, de 10h à 18h (le dimanche à
l’ouverture, pas trop de monde et stationnement facile). Nocturne le jeudi jusqu'à 22h.
Du
mardi au dimanche de 13h à 19h30, jusqu’au 18 août également.