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19.3.13

Au-delà du Street Art



Au Musée de la Poste à Paris, l’art de la rue s’expose pour donner le bon exemple. La rencontre entre l’usuel (le matériel urbain) et l’artiste tendrait à dépasser la fonctionnalité de l’objet pour lui donner une nouvelle dimension.
Compréhension ? Oui. Démagogie ? Non, point. Appel aux nouvelles générations ? Certes. L’idée de la direction du musée avec cette exposition, est de démontrer qu’avoir une réaction, c’est éprouver une émotion, aller vers des interrogations.
« Au-delà du street art », présente des artistes majeurs et historiques de l’art de la rue français avant de mettre en avant plusieurs techniques très différentes. Des artistes internationaux les mettent en pratique, et la majorité a créé une œuvre spécialement à cette occasion.

Cette photo de Gérard Zlotykamien ouvre l’exposition. Précurseur, il peint aux Halles dès les années 60. Il donne d’ailleurs sa vision de l’exposition et du street art actuel, sans langue de bois, dans la documentation offerte par le musée.
Miss. Tic "un remède à l'amour aimer encore"

Miss. Tic est presque inséparable de la ville de Paris, dont elle peint les murs de ses silhouettes sexy depuis les années 80. Elle pratique son art dont elle dit qu’il « prête à rire mais donne à penser », avec une autodérision préméditée.
Les vitrines techniques et les vidéos présentées dans l'expo sont bien vues car elles permettent de comprendre la difficulté de la réalisation, souvent méconnue dans l’art de la rue.
Par exemple, pour les pochoirs, le plus extraordinaire c’est la réalisation du pochoir lui-même, d’une grande finesse et souvent très complexe. Comme l’explique Alain-Dominique Gallizia (voir ce post sur son atelier), la perfection du résultat dans l’ «art sauvage» découle souvent d’une intense préparation.
C215 "Nostos"

Dans « Nostos » (ci-contre), réalisé pour l’exposition par C215, le mobilier urbain se fond dans la peinture pour devenir partie intégrante de l’œuvre.




Chasse aux « Space Invaders » : si vous aussi furetez dans Paris (ou dans le monde) le nez en l’air, regardez ils sont là !! Créations de l’artiste anonyme Invader, ces aliens malicieux squattent les murs aux espaces libres.

Le documentaire de Raphael Haddad de 2011, « In bed with Invader » (cliquez pour voir le film) permet de se glisser dans son atelier et de le suivre en toute discrétion lors des installations : préparation -> déplacement -> colle -> photo ! 
L’ensemble relève à la fois de l’art (création & réalisation), de la stratégie (réflexion, référencement), de la simplicité (voiture + échelle !), du véritable raid (plusieurs mise en place à la suite), et du projet complet (photo de collection). Dans la démarche d'Invader, enfant des années 70 et des jeux vidéos, il y a en effet à la fois du jeu et de la cohérence artistique.

L'idée de se créer une petite collection virtuelle au fil des rencontres dans la ville amuse tout le monde. Voici mon montage familial, tant pis pour la qualité, certaines photos sont assez anciennes, d’autres prises au "zoom" téléphonique, d’autres encore voiture en marche (sans conduire bien sûr) :
Dran "Tintin en France"
L’idée de nombreux artistes du street art, dont ici Swoon, Vhils, L'Atlas, Ludo, Shepard Fairey, Rero et C215, est de retravailler des matériaux usagés pour rendre un visage à la ville. Parfois au propre et au figuré.

Pour en prendre le contre pied, Dran dessine le street art. Peut-être pour lui donner dans l’histoire de l’art la place qu’il mérite. 

Shepard Fairey "Rise above rebell"

Swoon "Ben"
Rero "Google"
Faites le mur, vidéo sur L'Atlas, 2010, Paranoïd Pictures Film





Vhils "Mayhem series 4"

Ludo, installation
 
Si ces artistes se montrent discrets de leur personne, ils mettent toute l’importance dans leur message. Ce qui est parfois mal compris par les média. Pourtant, leurs œuvres nous parlent de justice, s’interrogent sur notre liberté et notre place dans le monde.
L’art comme arme ?

Banksy "Weapons of mass distraction"
Banksy "Choose your weapon"
Chaque provocation tend à réveiller le public : Banksy tague le mur d’Israël comme un acte de guerre, et ose même coller ses œuvres à la Tate Gallery !

Une vidéo rarissime le suit partout, permet de comprendre ses motivations et parfois le hasard des situations (cliquez pour en voir la présentation).

Les œuvres présentées à l'Adresse, Musée de la Poste, sont quelque part entre le street art et l’art conceptuel pur. L’art de la rue est un mouvement d’une grande liberté, hautement contestataire, en constante évolution.

Même courte, cette exposition met en lumière plusieurs artistes et plusieurs techniques afin de faire passer leur message. Au Musée de la Poste, … dingue.

Foncez, c'est jusqu'au 30 mars,
Gratuit pour les moins de 13 ans, 5€ pour les adhérents Fnac.
Du lundi au samedi de 10h à 18h, le premier jeudi de chaque mois jusqu'à 20h.
34 bd de Vaugirard, Paris 15ème.